L’histoire d’Argentoratum, de la période néolithique jusqu’à sa destruction complète en l’an 451, imprégnée par la civilisation celtes et romaine.
L'HISTOIRE D'ARGENTORATUM
Les premières traces de vie sur Argentoratum
Les premières traces de vie humaine sur le site d’Argentoratum remontent à – 600 000 avant J-C, comme en attestent de nombreux objets découverts lors des récentes fouilles archéologiques provenant du Néolithique et des âges de Fer et de Bronze.
Avant les romains, ce sont les Celtes qui ont toujours occupé les terres de Strasbourg. A la fin du IIIème siècle avant J-C, une petite cité s’est formée sous le nom d’Argentorate, qui signifie « La forteresse de l’eau ». Une controverse existe à propos de cette étymologie, certains y voyant plutôt une référence à l’argent et la déesse celte qui y est associée. Néanmoins, le statut géographique et stratégique particulier d’Argentoratum, rare bourgade qui permette de franchir le Rhin et faisant partie d’un axe routier important est-ouest, laisse penser que la signification relative à la forteresse est plus à même d’être la signification d’origine.
L'arrivée des romains en Alsace
Les romains s’installent sur le camp d’Argentorate en 12 avant J-C, sous le règne d’Auguste, pour y construire un camp militaire permettant de défendre l’empire romain sur le Rhin, changeant ainsi le nom de la cité pour Argentoratum. Comme le montre le plan ci-contre, les premières installations romaines se trouvaient à l’emplacement actuel de la cathédrale de Strasbourg.
Les soldats qui s’installèrent ici, notre plaine d’Alsace d’aujourd’hui, était à l’époque un lieu peu accueillant et inhospitalier, croisé par les eaux du Rhin, de l’Ill et de la Bruche. Ce lieu rappelle une nouvelle fois l’origine de la racine du mot Argentoratum, la forteresse de l’eau.
Pour pouvoir s’installer dans cette zone marécageuse et propice à la propagation des maladies comme la malaria, les romains ont dû apporter des millions de mètres cubes de remblais, permettant ainsi de rehausser à certains endroits du camp d’Argentoratum le niveau de 3 à 4 mètres par rapport à son niveau initial. On imagine le travail considérable que cela a représenté pour les romains avec les moyens de l’époque. Cela justifie d’autant plus la position stratégique de Strasbourg et la volonté d’y installer un camp important pour les romains.
Argentoratum au cœur des échanges militaires et commerciaux
Situé aux bords du Rhin, permettant de surveiller le passage et la traversée du fleuve, Argentoratum est un endroit militairement stratégique, permettant de relier les différents camps romains de la Germanie Supérieure.
Les romains ont établi autour de Strasbourg deux principaux axes qui existent encore aujourd’hui :
- La rue du Faubourg de Pierre, le faubourg partant du Nord pour arriver à l’entrée du camp d’Argentoratum débutant à l’actuelle place Broglie
- La rue de Pierre, aujourd’hui route des Romains, pour la liaison ouest de la ville.
Le camp de Strasbourg Argentoratum a été détruit à plusieurs reprises
Les fouilles entreprises dans les années 1950 par Jean-Jacques HATT ont permis d’identifier que le camp d’Argentoratum, construit une première fois sous Auguste et agrandi par Tibère, a été détruit à 6 reprises :
- En 70 après J-C, par un soulèvement gallo-germanique de Civilis, Sabinus, Tutor et Classicus
- En l’an 97, quand le dernier empereur Flavien, nommé Domitien, fut assassiné par Nerva, autoproclamé nouvel empereur.
- En l’an 235, lors de l’assassinant d’Alexandre Sévère
- En l’an 355, sous Constance II
- A la fin du IVème siècle, sous Gratien
- Sa dernière destruction, en l’an 451, c’est quand Attila traversera le Rhin et brûlera entièrement Argentoratum. Cette dernière destruction de Strasbourg sera la fin de l’histoire romaine de la ville.
Pour déterminer ces différentes périodes, l’archéologue à utiliser la technique de la fouille stratigraphique, permettant d’identifier les différentes couches de sols et leurs compositions selon les périodes de vies de la ville d’Alsace.